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Association Foncière Pastorale

Moulin à vent de Lacomté

Monsieur Garrigues Jeannot accueille la transhumance autour de son magnifique moulin

Dans une prairie de l’A.F.P. d’ Espère

Isabelle LAPEZE Est chargée d’études agriculture environnement
Service Patrimoine Environnement Agriculture Sport Tourisme au Conseil Départemental du Lot

Responsable du programme « Reconquête des espaces embroussaillés »

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Jean-Louis ISSALY
Est le Président fondateur de TRANSHUMANCE en QUERCY (Association d’éleveurs)

Abdon CALVO est le Président fondateur de l’Association Foncière Pastorale de Luzech et de Labastide du Vert (Association des propriétaires)

A propos de l’association

1132 – Déclaration à la Préfecture du Lot.

Création:

ASSOCIATION FONCIERE PASTORALE LIBRE DE LUZECH ET DE LABASTIDE DU VERT

Objet: Contribuer à la prévention des incendies par le maintien d’une activité Pastorale sur son périmètre pour favoriser l’entretien de milieux naturels  et la préservation de paysages remarquables.

Siège social: mairie, 46140 Luzech.

Date de délivrance du récépissé: 1er septembre 2005

Le pâturage à la reconquête des espaces embroussaillés 

L’un est conseiller municipal à la mairie de Luzech, un élu en colère à côté des pompiers quand, en juillet 1998, un incendie dévaste 80 ha de terrains laissés à l’abandon. L’autre est éleveur de moutons à Lunegarde, un adepte du déplacement de troupeaux à la recherche de nouveaux pâturages.

Abdon Calvo et Jean-Louis Issaly se rencontrent dans  le bureau d’Isabelle Lapèze, alors animatrice à l’A.D.A.S.E.A (Association Départementale pour l’Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles). En 2000, ce trio moteur lance le premier pâturage itinérant de valorisation pastorale comme moyen préventif contre les incendies. 

 

Pour Abdon Calvo, cet incendie de 1998 n’est que la conséquence de l’évolution des pratiques agricoles. Randonneur chevronné, il a vu les paysages en terrasses au-dessus de Luzech se fermer peu à peu par le trop plein de végétation. « Dans les années 50-60, le territoire abritait de nombreux élevages. Avec l’obtention de l’A.O.C « Vin de Cahors », les troupeaux disparurent au profit de la vigne moins contraignante et d’un meilleur rapport et les terres les moins productives furent laissées à l’abandon ». À pied d’œuvre au côté des pompiers, une évidence ce fait jour, il faut trouver un système pour entretenir à un moindre coût ces espaces embroussaillés afin de prévenir les incendies. Seul dans son coin, il cherche à savoir ce qu’il se fait dans ce domaine, notamment dans le Midi.

La zone d’intervention

Le site de l’AFPL de Luzech Labastide du Vert se situe dans le sud ouest du département, au cœur de la zone d’appellation viticole de l’AOC Cahors Malbec. La zone d’étude s’étend sur deux communes, Luzech et Labastide du Vert. Elle couvre 344 hectares (740 parcelles cadastrales) et environ 160 propriétaires

Les adhésions

L’Association Foncière Pastorale libre de Luzech et Labastide du vert Lula a vu le jour le 2 mai 2005. Elle regroupe 236 ha appartenant à 93 propriétaires ; et 70 ha font l’objet d’une autorisation de pâturage. Elle a pour but général de contribuer à la prévention des incendies par le maintien d’une activité pastorale.

Abdon Calvo Président de l’AFPL La mission essentielle de l’A.F.P, dont je suis le président, est de sensibiliser les propriétaires.

Pour Abdon Calvo, cet incendie de 1998 n’est que la conséquence de l’évolution des pratiques agricoles. Randonneur chevronné, il a vu les paysages en terrasses au-dessus de Luzech se fermer peu à peu par le trop plein de végétation. « Dans les années 50-60, le territoire abritait de nombreux élevages. Avec l’obtention de l’A.O.C « Vin de Cahors », les troupeaux disparurent au profit de la vigne moins contraignante et d’un meilleur rapport et les terres les moins productives furent laissées à l’abandon ». À pied d’œuvre au côté des pompiers, une évidence ce fait jour, il faut trouver un système pour entretenir à un moindre coût ces espaces embroussaillés afin de prévenir les incendies. Seul dans son coin, il cherche à savoir ce qu’il se fait dans ce domaine, notamment dans le Midi.

La première expérimentation sur Luzech se met en place en 2000, « à la hussarde », c’est-à-dire sans dispositif financier et sans réelle autorisation d’utiliser les pâturages sélectionnés. Une première zone de 100 ha est délimitée, une zone vierge de routes et donc plus facile à gérer avec des clôtures mobiles. « Nous avons envoyé un premier courrier à tous les propriétaires possédant un terrain de plus de 50 ares en leur demandant de le mettre à disposition à titre gratuit pendant trois mois. Ensuite, lors de réunions, nous avons répondu aux craintes, nous avons mis en avant l’entretien de l’espace dans l’intérêt général grâce à la pâture de moutons qui ne font que traverser les terrains pendant quelques mois. Heureusement, dès le départ, ce programme n’a pas rencontré d’opposition sérieuse ». Cette nouvelle approche de la gestion de l’espace s’est faîte en concertation dès l’origine, avec les élus, les propriétaires, les éleveurs et les utilisateurs de ces espaces que sont les chasseurs de sangliers notamment. Chacun son rôle, celui d’Abdon a été d’associer et d’informer les propriétaires et les utilisateurs. En mai 2005, l’Association Foncière Pastorale Libre (A.F.P) sur les communes de Luzech et de Labastide-du-Vert voyait le jour avec 92 propriétaires adhérents. « La mission essentielle de l’A.F.P, dont je suis le président, est de sensibiliser les propriétaires. La zone d’étude c’est 344 ha composés de 740 parcelles appartenant à environ 160 propriétaires fonciers. Tous les propriétaires n’ont pas adhérés mais leurs parcelles sont quand même traversées par les troupeaux. Aujourd’hui, cette opération a contribué à l’arrivée de nouveaux adhérents qui se rallient à l’idée que le maintien d’une activité pastorale contribue à la prévention des incendies tout en maintenant des paysages remarquables ».

Jean-Louis Issaly est d’une longue lignée d’éleveur de moutons de Lunegarde, à 60 km de Luzech. Bien que le département du Lot n’est pas d’habitude de déplacement de troupeau, lui à titre personnel à quelques pratiques. Voulant étendre son système d’exploitation et ne trouvant pas de surfaces supplémentaires, il alla trouver Isabelle Lapèze qui aussitôt lui proposa de rencontrer Abdon Calvo.

« La première année, j’ai amené mon propre troupeau et celui d’une amie sur des parcelles non clôturées. En tout, 400 brebis gardées par un berger prestataire local. Je dois reconnaître que nous avons un peu forcé la main des propriétaires. Attendre toutes les autorisations nécessaires, c’était le meilleur moyen de ne jamais commencer ».

 

En mars 2000, le nettoyage des premières prairies par écobuage est pratiqué par les éleveurs sous la surveillance des pompiers. « L’écobuage raisonné sert à éliminer la veille herbe jaune pour laisser la verte pousser car les brebis ne traversent pas un terrain très embroussaillé, elles tournent autour ». Ensuite ils ont nettoyé des layons pour la pose de clôtures électriques mobiles. Ces premiers équipements ont été possibles grâce à une aide financière de la commune de Luzech et du Conseil Régional Midi-Pyrénées.

 

Durant trois ans, les propriétaires de troupeaux se succédèrent nécessitant la création d’une association d’éleveurs. En 2003, naissait « Transhumance en Quercy » avec J-Louis Issaly à sa tête. En 2006, l’association signe un « Contrat d’agriculture durable » sur cinq ans avec l’Europe et l’Etat, ce contrat finançant les éleveurs qui s’engagent dans un programme d’entretien pastoral.

 

Grâce à ces aides des travaux de débroussaillage sur 35 hectares ont pu être réalisé. Aujourd’hui, l’association déplace 800 à 1 000 brebis pour assurer la gestion pastorale du périmètre environ 350 ha, de mi-avril jusqu’à fin septembre. Un berger prestataire et un aide berger salarié à mi-temps assurent le gardiennage du troupeau par pâturage tournant.« La production de l’élevage ovin transhumant a valeur de modèle, elle garantit une biodiversité par un entretien des espaces naturels en co-responsabilité avec la gestion d’une ressource naturelle renouvelable. Parallèlement, les éleveurs qui participent à la transhumance se libèrent du temps pour développer une autre activité.

 

En cette période de hausse des coûts alimentaires, les éleveurs ont intérêt à valoriser au maximum les ressources de leur territoire. C’est pour cela qu’aujourd’hui, notre nouvel objectif est de permettre à un jeune éleveur de moutons de s’installer sur la commune ».

Isabelle Lapèze est, depuis six mois, responsable du programme « Reconquête des espaces embroussaillés » rattachée au service Environnement du Conseil Général du Lot. « Bien que lancé en 2000, ce programme de réhabilitation et d’entretien des espaces embroussaillés est toujours en construction car il développe une nouvelle approche de la gestion de l’espace, en concertation dès l’origine avec les élus, les propriétaires et les éleveurs ». L’A.F.P Luzech et Labastide-du-Vert est devenu un projet-pilote au sein du Conseil Général dans la lutte préventive contre les incendies, le développement de la biodiversité, l’ouverture des paysages et le maintien de la qualité de vie pour les habitants. L’éclosion d’un projet innovant implique une nouvelle façon de travailler. « La transversabilité est devenue l’essence même de ce programme. Ce travail bouscule les ordres établis, les habitudes de travail des uns et des autres (administrations, éleveurs, propriétaires, élus…). Il a fallu beaucoup de rencontres et d’explications pour que chaque partenaire s’approprie la démarche et en devienne acteur ». Sur ce dispositif, s’est greffé des chantiers d’insertion : formation d’un aide berger, puis chantier de nettoyage pour libérer notamment une bande de 5 m au bord des routes, préconisé par le service départemental Incendies et Secours (S.D.I.S.).

« Mon rôle a été de créer et de tisser des liens. C’est grâce à la concertation, aux échanges continus avec les uns et les autres que nous avons pu créer tout ce lien social ». Car même pour les habitants de ce territoire, le pâturage est devenu un événement ; pour les plus jeunes, c’est une découverte ; pour les plus anciens, une ré-appropriation d’un savoir-faire. Depuis deux ans, à la mi-avril, le démarrage de la transhumance est lancé par une randonnée festive, avec passage du troupeau au cœur de Luzech et pique-nique. Cette randonnée réunit près de 100 personnes venues essentiellement du Lot.

De la lutte contre les incendies à la préservation de la biodiversité à l’origine, ce programme ne cesse d’aborder d’autres aspects : installation et accueil d’éleveurs, gestion des cultures à gibier avec les sociétés de chasse, valorisation du bois coupé, insertion, vie locale (communication au travers du bulletin municipal, rencontre festive)… « Depuis la création de cette première A.F.P, d’autres territoires lotois se sont organisés. Trois nouvelles associations ont déjà été créées avec des alternatives complémentaires à celle du troupeau collectif adopté à Luzech. Sur la commune des Junies, l’AFP a permis de conforter un éleveur déjà en activité tandis que les porteurs de projet de la commune de Bélaye en 2007 ont choisi l’installation d’un jeune éleveur. Six autres sites-pilotes sont en projet pour 2008 ».

Luzech, une presqu’île au cœur du vignoble du Vin de Cahors

Luzech est une petite ville de 1 650 habitants, au Sud du département du Lot. Elle est située dans un isthme de 90 mètres de large formé par la rivière Lot. Luzech est bordé au Sud et au Nord par des collines de 70 à 150 mètres d’altitude. De part et d’autre, les terrasses alluviales offrent un terroir de qualité pour les crus du vignoble A.O.C du Vin de Cahors.

Depuis 1995, c’est Jean-Claude Baldy, Gérard Alazard et aujourd’hui Bernard Piaser qui s’occupe de la bonne marche de cette commune de 2 338 ha.

Lier l’environnement et l’économique

Gérard Miquel, président du Conseil Général du Lot

« Le département du Lot, c’est 70 % d’espaces naturels qui participent de façon emblématique à l’identité de notre territoire. La diminution du nombre d’éleveurs et le morcellement de la propriété foncière ont entraîné la fermeture de nombreuses surfaces rendant ainsi ces espaces plus vulnérables aux risques d’incendies et à la perte de biodiversité. Face à ce constat, le Conseil Général a choisi de recruter une animatrice pour amplifier les actions déjà en place sur certains territoires en apportant un appui technique et financier. En nous engageant dans cette action forte, nous souhaitons aller à la reconquête d’espaces naturels sensibles, développer l’attractivité touristique tout en permettant l’installation de jeunes éleveurs ou en confortant des entreprises agricoles respectueuses de l’environnement. L’objectif à travers ce programme de reconquête des espaces embroussaillés est de reconquérir 4 à 5 000 ha sur les cinq années à venir ».

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Catherine LAMIC

pour PEDAGOFICHE
Article écrit pour la revue « Proximité », numéro de janvier 2008.

Article pour la rubrique « Local’idées ».

Sujet : Les espaces embroussaillés réhabilités et entretenus par les troupeaux de moutons

Nous sommes autorisés à publier l’article de Mme Catherine LAMIC que nous remercions

23 novembre 2007